1.
INTRODUCTION
2. POSITIONNEMENT DE MC2 PAR RAPPORT AUX AUTRES METHODES
UTILISEES EN CONCEPTION
3. TEMOIGNAGES
4. CONCLUSION - PERSPECTIVES DE
MC2
1. INTRODUCTION
1.1. Origine du groupe de travail - Historique
Pour optimiser le triptyque Qualité-Coûts-Délais
de développement, les constructeurs automobiles, cherchent à
évaluer de plus en plus tôt leur capacité globale
à réaliser un produit donné (en termes de faisabilité,
développement et industrialisation). Ce besoin a ouvert un nouveau
champ d’investigation, la Capabilité Prévisionnelle. Pour
répondre à ce besoin, un groupe de travail, constitué
dans le cadre de la FIEV, a élaboré une réponse
originale : la méthode MC2 ( Maîtrise de la Capabilité
dès la Conception ).
Historiquement, les principales étapes de la réflexion furent
les suivantes :
- De 1991 à
1992, un groupe de travail avait pour objectif d’établir la
liste des outils méthodologiques appliqués à la maîtrise
du processus de conception et de développement des produits. Il
est apparu à ce groupe qu’il n’existait pas de méthode permettant
de traiter le problème de la capabilité prévisionnelle
des moyens de fabrication.
- De 1993 à
1994, un groupe de travail " Capabilité prévisionnelle
" a établi un premier canevas de la méthode sur la
base d’une enquête menée auprès de concepteurs de
moyens de fabrication. Trois études ont permis d’expérimenter
cette méthode. Il a été alors décidé
d’industrialiser la méthode.
- De 1995 à
1996, l’industrialisation de la méthode a consisté :
· à la valider sur 6 cas réels · à
la faire évoluer vers davantage de précision et d’adéquation
au besoin · à développer un logiciel permettant de
faciliter la mise en uvre de la méthode. A cette occasion,
un guide d’application de la méthode a été créé
(fascicule G7 de la FIEV du 21/11/1996) ainsi qu’un support de formation.
- De 1997 à
1998, afin d’en garantir une utilisation optimale, mais aussi d’en
faciliter l’accès aux utilisateurs potentiels, le groupe s’est
attaché à évaluer le domaine d’application de la
méthode MC2. Pour cela, le groupe a exploré les potentialités
de la méthode selon les axes suivants :
- axe " processus de développement "
: rédaction d’un " outil de diagnostic " qui positionne
MC2 suivant les phases de conception et les natures de problèmes
à traiter
- axe " métier " : validation de la
méthode sur des cas spécifiques (assemblage et injection)
- axe " méthode " positionnement de
MC2 par rapport aux autres méthodes d’assurance qualité
en conception. Par ailleurs, des améliorations du logiciel
d’aide à la mise en uvre de MC2 on été
faites, suite à des observations des utilisateurs. Ce rapport
décrit cette dernière étape, les étapes
précédentes ayant déjà été
consignées dans les rapports antérieurs. On trouvera
en annexe 1 le planning de travail du groupe sur cette dernière
période.
1.2. Rappel de la méthode
MC2 est une méthode qualitative d’évaluation
des capabilités au cours de la conception, avant la mesure du Cam
et du Cpk. La méthode réunit les compétences et l’expérience
d’un groupe pluridisciplinaire. Un indice de savoir-faire est évalué
pour chaque couple produit-processus en croisant caractéristiques
produit et étapes du processus. La méthode constitue un
guide dans les phases de conception ; elle génère des actions
tout au long de son déroulement, apporte des éléments
de décision et prépare les plans de prévention.
La démarche peut être appliquée dans sa totalité
ou partiellement. Selon le temps investi, la profondeur de l’étude
sera différente. Une étude peut durer de quelques heures
à quelques jours selon la précision souhaitée.
La méthode MC2 se décompose
selon les étapes suivantes
2. POSITIONNEMENT DE MC2 PAR RAPPORT
AUX AUTRES METHODES UTILISEES EN CONCEPTION
S’inscrivant dans un domaine dans lequel de nombreuses
méthodes existent déjà, il est rapidement apparu
au groupe, notamment au travers de ses actions de communication, qu’il
était nécessaire de décrire le domaine précis
d’utilisation de MC2 par rapport aux
autres méthodes, ceci afin de :
Permettre de choisir la méthode la plus appropriée en fonction
des besoins et du contexte dans lequel se situe le développement
du produit.
Affiner le positionnement de MC2 par rapport aux autres méthodes,
pouvant être vues comme concurrentes, dans le processus de conception.
A ce titre, nous avons intégré MC2 dans le catalogue des
méthodes et outils d’assurance qualité en cours d’élaboration
à la FIEV (GT 21, voir annexe 2). Ce chapitre résume notre
analyse du positionnement de MC2 par rapport aux méthodes QFD,
AMDEC, IT/D et POINTS CLES.
2.1. QFD
On trouvera en annexe 3 le schéma général rappelant
la méthode QFD et les différentes matrices qu’elle met en
uvre. Les constats du groupe sont les suivants :
- MC2 couvre le domaine de la matrice 3 de QFD, correspondant au croisement
entre les spécifications du produit et celles du processus.
- MC2 est vue comme une méthode plus légère que QFD
par sa simplicité et sa rapidité de mise en uvre.
- Dans MC2, l’analyse se limite à l’évaluation qualitative
de la capabilité (sans calcul). Ceci est considéré
par le groupe comme un avantage.
- Par principe, MC2 :
- ne cherche pas à être exhaustive dans la liste des
caractéristiques à étudier.
- permet de travailler à une " maille " appropriée
par rapport à la nature du problème. On commence avec
une " grosse maille ", que l’on affine si nécessaire
d’où un investissement progressif.
- A l’opposé, QFD vise à être exhaustive
et globale :
- exhaustive : tout doit être pris en compte à priori
- globale : cherche à couvrir l’ensemble du processus de mise
sur le marché de nouveaux produits.
- MC2 et QFD visent toutes les deux à déterminer
les influences entre caractéris-tiques produit et processus, mais
MC2 met l’accent sur les étapes qui réalisent les caractéristiques
Conclusion : MC2 utilise le même
principe que QFD, en couvrant seulement une partie du domaine du QFD (matrice
3). Mais, alors que QFD cherche à hiérarchiser les caractéristiques
importantes, MC2 vise à établir la capabilité du
processus étudié pour les caractéristiques retenues.
2.2. AMDEC Produit
L’AMDEC Produit permet de valider des
caractéristiques produit par rapport à un cahier des charges
fonctionnel. Elle fournit une liste de caractéristiques produit
validées et hiérarchisées selon leurs criticités.
Cette liste peut être utilisée comme base de l’étude
MC2. Néanmoins, les caractéristiques retenues dans la méthode
MC2 relèvent d’un choix d’une équipe pluri-disciplinaire,
lequel n’est pas forcément issu d’une AMDEC Produit.
MC2, par la constitution des argumentaires, offre l’avantage de préparer
la négociation du cahier des charges avec le client :
En anticipant les difficultés à respecter les tolérances
en phase de pré-étude / faisabilité.
En facilitant le bouclage produit / processus en vue d’agir sur le CDC
produit.
(voir le logiciel d’AMDEC Produit
TDC FMEA)
Conclusion : Il n’y a pas de lien direct ni de concurrence entre MC2 et
l’AMDEC Produit. Néanmoins, on peut utiliser l’AMDEC Produit, comme
toute autre méthode de hiérarchisation, pour choisir les
caractéristiques à traiter dans MC2.
2.3. Points Clés
La méthode des points clés définit
une hiérarchisation selon le niveau de gravité perçue
par le client des caractéristiques Produit/Processus mesurables.
Elle préconise également une organisation permettant de
garantir le respect de ces caractéristiques de la conception à
la production série. Par contre elle n’explique pas comment déterminer
les caractéristiques Produit / Processus à maîtriser.
Conclusion : La méthode POINTS CLES doit s’appuyer sur d’autres
méthodes pour déterminer et choisir ces caractéristiques.
MC2, au même titre que l’AMDEC Produit, peut remplir cette fonction.
2.4. AMDEC Processus
A priori, MC2 et AMDEC Processus s’appliquent au même stade de développement
Produit/Processus. Cependant les méthodes peuvent se compléter.
Le groupe a identifié les différences et complémentarités
suivantes :
- MC2 amène à se
poser des questions sur la capabilité des moyens de mesure.
Elle s’intéresse donc à la fiabilité de la
mesure.
- l’AMDEC Processus amène
à se poser la question de la capacité à détecter
une cause de défaut du produit issu d’une défaillance
du processus. Elle s’intéresse donc à la fiabilité
de la détection.
- MC2 permet d’évaluer
et/ou valider des options de processus en phase de faisabilité,
mais ne permet pas d’analyser le mode dégradé autrement
qu’en réalisant une nouvelle étude spécifique
à ce mode. MC2 permet donc de construire et d’optimiser
la gamme de fabrication.
- L’AMDEC Processus recherche
et analyse le mode dégradé. Elle permet donc de fiabiliser
la gamme de fabrication.
- Dans MC2 la matrice de type
3 permet de valider les caractéristiques produits entrants
et paramètres processus importants. MC2 permet donc d’établir
rapidement une première liste des points clés produits
entrant permettant de garantir la qualité du produit.
- L’AMDEC Processus recense les
défaillances du processus et y associe des actions correctives.
- L’AMDEC Processus peut utiliser comme données
d’entrée les résultats de MC2 suivants :
- MC2 met à disposition
la liste des étapes du processus ordonnées et validées.
- Les argumentaires de MC2
aident à l’analyse des opérations dans l’AMDEC Processus.
- MC2 aide à la cotation
de l’occurrence de l’AMDEC Processus (connaissance de la capabilité).
Conclusion : Le groupe recommande d’utiliser
MC2 en préalable à l’AMDEC Processus, car MC2 permet de
valider à moindre coût des options de processus. MC2 apporte
d’autant plus de valeur ajoutée que la remise en cause du processus
est importante.
(Voir le logiciel d’AMDEC Process
TDC FMEA)
2.5. IT/D
La méthode IT/D repose sur la hiérarchisation
des cotes et le calcul du rapport " Intervalle de Tolérance
sur Dispersion du processus " en vue d’identifier les caractéristiques
à maîtriser et à surveiller en fabrication.
IT/D est également une méthode
de capabilité prévisionnelle, mais MC2 s’en distingue sur
les points suivants. MC2 permet :
- d’accélérer la définition d’une
gamme détaillée et de choisir un processus.
- d’évaluer une capabilité prévisionnelle
sans avoir à déterminer une dispersion de processus.
- d’évaluer les influences des étapes
sur le produit en se limitant à une analyse qualitative.
- d’évaluer une capabilité prévisionnelle
en s’appuyant sur le savoir-faire de l’entreprise sans requérir
une base de données de capabilités.
Conclusion : IT/D et MC2 sont
deux méthodes de capabilité prévisionnelle ; elles
se distinguent par le fait que la première est quantitative alors
que la seconde est qualitative. Cela rend l’utilisation de MC2 possible
très en amont dans le processus de conception. Le groupe de travail
préconise d’utiliser ces deux méthodes chronologiquement
suivant le tableau ci-après :
3. TEMOIGNAGES
3.1. M. GORDIET (FAURECIA) :Animateur de
trois études MC2
- Facile d’avoir un groupe efficace rapidement : formation rapide, concepts
simples
- Pilotage du groupe facilité car démarche positive (pas
de conflits entre participants sur le choix de la notation par exemple)
- Appropriation des actions par les participants sans avoir besoin de
répartir des tâches
- Facilité de reprise d’une étude menée par un autre
- Avoir un appui de la hiérarchie
- Réactivité améliorée avec le logiciel MC2
Produit-Processus et un vidéoprojecteur
- Trois points forts après une étude MC2
- Validation des caractéristiques principales du produit
- Optimisation de la gamme
- Justification des décisions grâce à la formalisation
du savoir-faire
3.2. M. FEDERSPIEL (FAURECIA) : Responsable du
BE Moyens - participant à des études MC2
- Permet de formaliser son expérience et son
savoir-faire par une méthode
- Poids de l’équipe MC2 auprès des concepteurs produits
et moyens
- Méthode accessible qui met à l’aise le participant sans
formation
- Sans quantifier les capabilités prévisionnelles, elle
permet d’évaluer le savoir-faire et de générer des
actions
- Met en évidence les influences entre les caractéristiques
et les influences des paramètres de la machine
- Permet de définir le référentiel et la gamme de
métrologie la mieux adaptée pour obtenir une meilleur logique
et stabilité dans les mesures
- Implication du Concepteur du Moyens de fabrication très en amont
:
- Intervenir à temps sur le Produit
- Intervenir à temps sur le Moyen
- Définir le juste nécessaire
sur le moyen et le produit
- Conduire et mettre en place une maintenance préventive
- Retour d’expériences sur analyse réalisée et Capitalisation
du savoir-faire
3.3. M. MARTIN Technicien Process chez SORATECH
à NANTES - CARQUEFOU
- Approche positive qui valorise le participant (savoir-faire et non pas
responsabilité
)
- Temps consacré à une étude reste limité
- Diminution du temps de mise au point des moyens
- Constitution d’une banque de données sur les moyens de mesure
- Approche globale produit et processus (confrontation des points de vues
des différents métiers)
- Très utile pour préparer les AMDEC Processus (recentrage
de l’AMDEC sur les défaillances)
- Mise en évidence de sur-capabilités processus
- Facilité pour devenir animateur après une première
étude comme participant
4. CONCLUSION - PERSPECTIVES DE MC2
Les constats généraux qui se dégagent
des travaux de cette session sont les suivants :
Le champ d’application de MC2 dépasse largement le cas du façonnage
dans lequel elle avait été développée à
l’origine. La société TDC l’a même utilisée
pour analyser la capabilité de ses actions commerciales à
tenir un objectif prévisionnel de vente !
MC2 n’est pas une méthode concurrente à celles déjà
existantes et de nombreuses complémentarités ont été
mises en évidence. En particulier, son caractère qualitatif
permet de l’utiliser très en amont par rapport aux autres méthodes
de capabilité prévisionnelle, fondées sur des évaluations
quantitatives.
Les retours des utilisateurs de MC2 sont tous positifs. Un utilisateur
nous témoigne par exemple " qu’il divise par 2 le temps des
essais sur les moyens car tout est bien prévu dès le départ.
De plus il est facile d’entrer dans une étude même à
laquelle on n’a pas participé grâce en particulier aux argumentaires.
"
Par contre le groupe rencontre des difficultés à motiver
de nouveaux utilisateurs, souvent pour des raisons de disponibilité
face aux nombreuses méthodes déjà préconisées
par les constructeurs.
Le groupe conclut donc que la méthode est robuste ; par contre
l’effort doit à présent se concentrer sur la diffusion de
la méthode et sa pratique dans un contexte opérationnel.
Cela passe par une reconnaissance des constructeurs.
Dans le cadre de la
FIEV et pour les sessions suivantes, le groupe recommande de créer
un club des utilisateurs se réunissant entre trois et quatre fois
par an. Ces réunions auraient comme objectif d’échanger
leurs expériences pratiques de MC2, et de former ou assister de
nouveaux utilisateurs.
Le groupe recommande
également d’engager, en collaboration avec la FIEV, des actions
de sensibilisation auprès des constructeurs.
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