I. RAPPEL THEORIQUE DES FACTEURS CONTRIBUANT A LA
SECURITE / INSECURITE ALIMENTAIRE EN RDC
Il existe quatre types de facteurs déterminant la sécurité et ou l’insécurité alimentaire en RDC.Ce sont : les facteurs déterminant la disponibilité des produits vivriers ;les facteurs déterminant la stabilité des approvisionnements ;les facteurs limitant l’accès aux vivres et les facteurs liés au caractère durable de la production agricole et vivrière .
Pour éviter le risque d’alourdir notre texte par des développements qui peuvent paraître superflu, nous nous limitons à les lister avec une explication brève et concise.
A. Facteurs déterminant la disponibilité des produits vivriers
Les facteurs identifiés sont : la quasi inexistence du crédit agricole, le dysfonctionnement du système de commercialisation et des prix agricoles, les lacunes du régime foncier et manque de réforme agraire appropriée, désarticulation des infrastructures rurales, manque de la mécanisation agricole, insuffisance de moyens pour la recherche agronomique et la vulgarisation agricole
B. Facteurs déterminant la stabilité des approvisionnements
Insuffisance de la capacité de stockage sur l’exploitation au niveau local et national, incohérence des structures et du mode d’organisation des marchés, insuffisance des disponibilités des ressources en devises pour l’importation des produits alimentaires de base.
C. Facteurs limitant l’accès aux vivres
Baisse de la productivité agricole et effritement du pouvoir d’achat sur le marché
D. Facteurs liés au caractère durable de la production agricole et vivrière
Usage des techniques et pratiques contraires aux principes de préservation des ressources et de conservation de l’environnement.
II. TRACASSERIES DANS LE TRANSPORT FLUVIAL COMME
FACTEUR CONTRIBUANT A L’INSECURITE ALIMENTAIRE
EN RDCONGO.
Dans les quatre types de facteurs qui contribuent à l’insécurité alimentaire en RDC, les tracasseries sont en vedette.Cette affirmation est soutenue par les éléments d’analyse qui sont développés infra.
En référence aux variables commercialisation et prix agricoles, il est amèrement constaté que la politique de commercialisation et celle des prix qui souffrent, du reste, d’insuffisance et d’inéquation des mesures d’accompagnement et des stratégies, ne favorisent pas l’essor de la production vivrière.
En effet, la conjugaison d’un système incohérent de taxation (fiscalité et parafiscalité) et de multiples tracasseries administratives et policières pour ne parler que de cette forme des tracasseries, ont enrichi les coûts de production et affecté les marges de commercialisation.
Les résultats d’études menées dans les provinces de Bandundu et de l’Equateur par Innovative Ressources Management , ONG de Droit Américain oeuvrant en RDC, démontrent que les taxes payés par les opérateurs économiques le long du Fleuve Congo et ses affluents représentent environs 31% de leurs charges exploitation rendant la marge bénéficiaire d’activités à environ 3%. La chose la plus grave est que sur l’ensemble des taxes payées 7% seulement sont légales c’est-à-dire perçues par les Services Publiques habiletés à fonctionner aux ports au regard du décret-loi 036 du 28 mars 2002 et 93% des taxes sont illégales. Pour être plus explicite, ce décret autorise seulement à quatre services publics d’exercer et de percevoir des taxes sur le Fleuve Congo et ses affluents alors qu’en réalité, il y a au total 24 services qui opèrent chacun percevant des taxes à sa guise. Ainsi, dans l’hypothèse que la détermination des prix est fonction des coûts d’exploitation, ce qui est indubitablement plausible, il se dégage que les prix des produits agricoles et vivriers sont considérablement influencés par les coûts dus aux tracasseries.
Le niveau élevé des prix qui en découle rend le marché des produits agricoles et vivriers inaccessibles pour une partie importante de la population dont le maigre revenu ne permet pas de disposer d’un pouvoir d’achat.
Il est également important de relever que les tracasseries ne sont pas seulement ressenties en terme des taxes illégalement payées mais aussi en terme du temps perdu par les opérateurs économiques dans différents ports où les formalités administratives sont caractérisées par une énorme lourdeur de nature banale et amerdante .A cet effet,les études menées par IRM démontrent que pour une rotation Kiri-Kinhasa-Kiri soit 1.260 Km en boucle complète, une unité flottante réalise au minimum 90 jours suite aux formalités.En effet, l’équipage se voit être obligé de parcourir à longueur des journées des bureaux des services publics dont les responsables n’hésitent pas pour des raisons parfois liées à leurs propres intérêts ,d’interdire aux engins ayant pourtant des cargaisons ,la poursuite de leur voyage en destination des centres de consommation.
Le retard ainsi accumulé a un triple effet cumulatif : les fluctuations incontrôlées des stocks qui affectent les principes de la disponibilité et de la stabilité des approvisionnements en aval c’est-à-dire dans les centres de consumations mais aussi en amont ou dans les lieux de production ou les stock en attente d’une prochaine rotation se déprécient.
CONCLUSION
Lorsque nous analysons à fond le problème de l’insécurité alimentaire au Congo, nous découvrons des variables explicatives nous permettant d’être dans la proximité de la réalité du problème. L’insécurité /sécurité alimentaire en RDC est souvent analysé dans une vision macroscopique heurtée par la théorisation scientifique.La vision microscopique du phénomène qui est une démarche de IRM permet de dénicher des phénomènes frappants qui méritent d’être listé parmi les variables prioritaires du phénomène de l’insécurité alimentaire.Cette réflexion fondée sur les recherches réalisées par IRM permet d’enrichir l’approche du problème.
Nous sommes sans ignorer que le problème du développement économique et social est prioritairement un problème de la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels.Lorsque cet objectif n’est pas placé au premier plan du programme de développement,toutes les stratégies de développement ,de bonne gouvernance,de démocratisation,de résolution des conflits sont vide de sens.Une population ne disposant pas des capacités physiques et intellectuelles quérables à partir d’apports nutritionnels adéquats,ne peut participer au processus de son propre développement.
Nous sommes également sans ignorer que les voies d’eau qui ont la possibilité d’acheminer dans les centres de consommations d’énormes quantités des produits vivriers, font du transport fluvial et lacustre l’épine dorsale de l’économie congolaise et que l’ampleur des tracasseries subies sur les axes d’évacuation par voies d’eau constituent de véritables freins à la relance des activités et à la satisfaction des besoins alimentaires.
Oui, les tracasseries sont là ; elles causent et créent considérablement l’insécurité alimentaire.
La suppression des tracasseries permettent,elles seules,d’améliorer la marge commerciale des exploitants fluviaux de 3% à environs 28%,toutes choses restant égales par ailleurs ; d’influencer la stabilité et la disponibilité des approvisionnements ;d’influencer la réduction et de stabiliser les prix des produits de manière à accroître l’accessibilité aux denrées.
Arrêtons avec les discours sans actions concrètes, des décrets sans suivi d’exécution, des considérations du problème sans vision microcosmique ; bref de marcher sur le vrai à la recherche du faux.